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Sous le feuillage est un webzine spécialisé en littérature de jeunesse (mais vous y trouverez aussi de nombreux avis sur la littérature pour adultes) né en avril 2008. Pour vous parler de mes coups de coeur, partager ma passion pour cette littérature si vivante et productive. Il s'agit d'un blog à l'image de ma passion pour la littérature de jeunesse : simple, engagée, enthousiaste.
Pour découvrir, rêver, vibrer, s'évader et s'amuser...
Depuis 2014, en tant que maman, je vous parle de mes découvertes en matière de jeux, jouets, activités et loisirs créatifs que je partage avec mes fils.
Mes genres : fantasy/ fantastique, romance, young adult, thriller, historique et contemporain.

Merci à vous et bonne visite...

Pardonne-moi, Leonard Peacock

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Matthew Quick

Robert Laffont
Collection R
Traduit de l'anglais par Fabienne Vidallet
Paru en Avril 2015
315 pages
16,90 euros

Roman ados dès 14/15 ans
Thèmes : Adolescence, Drame, Suicide

Quatrième de couverture :  Aujourd'hui, Leonard Peacock a dix-huit ans. C'est le jour qu'il a choisi pour tuer son ancien meilleur ami. Ensuite, il se suicidera. Plus tard, peut-être, il se dira que c'est OK, voire important, d'être différent. Mais pas aujourd'hui.

« Le P38 sera peut-être mon cadeau quand je le déballerai pour tirer sur Asher Beal.
C'est probablement le seul cadeau que je recevrai aujourd'hui. En plus du flingue, il y a quatre paquets, un pour chacun de mes amis. Je veux leur dire au revoir correctement. Je veux qu'ils gardent un souvenir de moi. Qu'ils sachent que je tiens à eux et que je suis désolé de ne pas avoir pu être davantage. Désolé d'avoir dû leur fausser compagnie. Qu'ils sachent qu'ils ne sont pas responsables de ce qui va se passe..."

En ouvrant ce roman, je ne savais pas à quoi m'attendre. Je n'ai rien lu, ni les avis, ni la quatrième couverture, j'ai fait confiance à la collection R, à leurs choix audacieux, intéressants et réfléchis de leurs textes...donc je n'avais aucun a priori. Quelle claque! En fait dès les premières pages, le ton, l'ambiance, le parler de Leonard nous plonge dans un univers détraqué, désillusionné, glauque, déprimant. Les pensées de Leonard ne sont pas des plus heureuses. Ca fourmille d'ironie, de cynisme, de justesse aussi, de pessimisme, d'une vision désarmante de la routine...d'emblée les questions fusent et l'esprit du lecteur carbure : qu'a fait Asher Beal pour être la cible ? Leonard est-il dépressif ? ou cède t-il à une pulsion meurtrière ? suicide altruiste ? troubles de la personnalité ? malaise adolescent ? enfance douloureuse ? Puis on s'aperçoit que Leonard est un adolescent réfléchi, intelligent, perdu, solitaire dont la famille a explosé, dont la mère n'en a rien à faire. Les pièces du puzzle s'imbriquent...on comprend beaucoup de choses et tout ce que cela implique de souffrance, de vengeance, de chagrin, de solitude.

Leonard, d'anti-héros qu'on pourrait détester (personnalité antipathique, regard scrutateur et jugement rapide sur les autres, sur leur vie, sur la religion), il devient un héros fragile, en quête d'identité, qui a besoin d'affection, qu'on veut aider parce qu'on sent qu'il peut faire quelque chose de sa vie. Il y a dans l'écriture de Matthew Quick un je ne sais quoi de J.D Salinger L'attrape-coeurs, un pessimisme exacerbé, une ambiance déprimante, sombre...pourtant malgré le sujet délicat, le tabou aussi lié au suicide, le texte est fort et bouleversant. Leonard peut encore être sauvé, d'ailleurs dans ses paroles, dans ses actes, il sème des indices, des petits cailloux vers le chemin de la guérison, comme s'il tendait la perche. Il suffit d'un mot, d'un geste, d'une personne pour détourner Leonard de ses sinistres projets. Et cela m'a rappelé aussi Treize raisons de Jay Asher, héroïne qui elle passe à l'acte car elle n'a pas eu cette chance. 
Puis il y a ces lettres du futur, autant de petites notes joyeuses, lumineuses, réconfortantes qui nous font remonter à la surface et qui en disent beaucoup sur la personnalité de Leonard...difficile de remonter la pente mais pas impossible. C'est pourquoi l'issue de ce roman, nous laisse quand même comme un arrière goût amer.

Justesse, sensibilité, réalisme psychologique, Pardonne-moi, Leonard Peacock est une lecture intéressante, captivante qui force le respect pour s'être attaqué à un sujet aussi difficile émotionnellement et complexe. Armé d'excellentes réflexions sur les notions de bonheur, de religion, de nazisme, de culpabilité, de violence, de sexualité...c'est un roman young adult qui ne vous laissera pas indifférent tellement il est imprégné de sentiments contradictoires. J'ai beaucoup aimé même si pour moi, la fin m'a laissé comme un goût amer et infiniment triste. Un excellent young adult!

Sous le feuillage | Design par Catherine Surr